~
Val l'Ancienne ~
La
Guerre du Chaos -aussi appelé Grande Guerre, Terreur Divine, ou
Impensable Foutoir- est un événement ayant eu lieu environ un
siècle avant l'établissement du calendrier affraral, quelque part
pendant période Sahnkrym du calendrier hrugrak, et servant de point
de départ à l'ère du Renouveau du cycle Impérial. Il ne reste que
très peu de textes antérieurs à cette période, et les rares
écrits font états de plusieurs races qui n'existent plus, et dont
il ne reste que des vestiges épars : les plateaux Sauloré, les
cités d'Ay, les antiques cryptes Azuréennes, le grand temple
E'radip... L'on a que très peu d'informations sur cette guerre, mais
elle ravagea tout le monde connu, et certains textes Affraraly
prétendent que les Dieux eux-mêmes prirent physiquement part au
conflit, et que certains moururent lors du conflit ; la Tombe
d'Argaräk devrait son nom à une divinité déchu, tout comme son
climat.
Les
connaissances antérieures furent donc perdu, hormis un librarium
Affraral à moitié incendié, une grande partie de la collection
impériale, ainsi qu'un grand nombre de rouleau E'radip ; ces
derniers sont néanmoins totalement illisible, leur écriture
atypique n'a jamais été appris par une autre race, et ayant été
tous exterminé, personne n'est en mesure de comprendre leur langue.
Les Hrugrak, fortement impliqué dans le conflit, aurait pu donner
des récits très détaillés des événements, mais les incessantes
guerres intestines n'aidèrent pas la transmission du savoir, qui
chez eux est exclusivement orale.
Toutes
les races furent impliqués dans la guerre, dont on ignore
précisément les causes, et les répercussions furent bien entendu
importantes : les E'aradips, Ay, Saulorites, furent exterminés, les
humains virent leur terre natale devenir inhabitable, et les
Affraraly ainsi que les Hrugrak virent leur population décimée. On
ignore si des peuples plus marginaux, tel que les Micéléens, les
Mariauls et les R'razrag'ak, prirent part au conflit ou non, et les
éventuels conséquences que cela aurait eu.
L'apparition
des Erashas marqua la fin de la guerre, cette nouvelle race émergeant
avec à sa tête Yggdrasil et les Neufs, qui conjurèrent les Dieux
et mirent fin à tout les conflits ; cette dernière partie étant
relaté plus en détail dans les légendes d'Yggdrasil l'Arbre-Monde.
Après
la guerre s'ensuivit une période obscure, où se succédèrent
famines, épidémies, et errances, le temps que se reconstruise la
société. Les Affraraly retrouvèrent leur forêt natale dévastée
par des incendies, les humains durent s'exiler de ce qui devint la
tombe d'Argaräk, et les Hrugrak mirent des décennies à construire
des navires satisfaisant pour les ramener sur leur archipel lointain.
Les Erashas quant à eux, s'éparpillèrent à travers le monde, pour
veiller à ce qu'aucun autre conflit n'éclate ; Yggdrasil s'installa
dans un territoire inoccupé, au pied des montagnes du nord, et
continua à surveiller le monde, tandis que l'une des Neufs, Val,
administrait la ville naissante.
Extrait
de "La grande Histoire du Monde"
Année
404, auteur inconnu
Traduit
de l'affraral par Gog'eul
~
¤ ~
La
grande cité du Nord, Val l'Ancienne, fier fief du peuple Erasha, se
dressait devant mes yeux. Perdu dans la verdoyante nature, au pied
des immenses pics de l’Épine Dorsale, elle affichait ses rues
pavés de pierres blanches de part et d'autre du fleuve Drashym les
maisons étaient de pierres beiges et de tuiles rouge, un peu partout
une végétation abondante faisait vivre la ville de mille couleurs
durant les saisons chaudes. Et tout autour de ce charmant endroit,
sur des jours e des jours de marches alentours, il n'y avait que des
prairies, des bois, des étangs, et quelques fermes de pierres grises
qui cultivaient au gré des saisons les fruits de la terre pour
subsister. Tout transpirait la tranquillité, et la paix... autant
dire que je n'y resterais pas longtemps.
Mes
pas résonnaient dans le crépuscule, produits par des bottes de
marches en cuir, peu discrètes mais très confortables, et si mes
vêtements étaient assez passe-partout, simple ensemble pantalon et
chemise -néanmoins tissé avec de la laine provenant de béliers
paissant sur les hauteurs E'radip- avec passé par-dessus une veste
longue, en cuir Mariaul d'après le vendeur, ainsi qu'un sac en
bandoulière fait de toile imperméabilisé ; si tout cela donc
m'assurait une certaine discrétion, une allure de voyageur comme il
y en a tant d'autres, ma chevelure d'un roux flamboyant et mes yeux
dorés sont nettement moins oubliable...
De
plus, j'appartiens à la race des Erashas, et si nous autres avons
une apparence plus ou moins semblable aux humains, des
caractéristiques animales viennent nous en différencier, et dans
mon cas, mes oreilles sont celles d'un renard, et le bas de mon dos
se prolonge en une élégante queue recouverte de fourrure tout
aussi voyante.
J'observais,
en silence, les commerçants débarrasser les étals qu'ils avaient
installés sur la rue principale, et progressait tranquillement.
Quelques personnes me saluèrent, et je leur rendis avec grand
plaisir ; j'étais chez moi ici, dans la plus grande cité de mon
peuple, et je m'y sentais à l'aise. Néanmoins, chaque fois que je
regardais l'une de ces personnes, mes semblables, je voyais leur vie,
le quotidien, ces journées répétés, ponctués de petits riens.
J'admirais cette force, ce bonheur que pouvait apporter une vie bien
remplie.
Une
femme accueillie sur le perron son mari en l'étreignant, et cela fit naître en moins une pointe de regret ; hélas, je n'étais pas fait
pour une telle vie, mon cœur rêvait de voyage, d'aventures, de voir
du monde... depuis une quinzaine d'années environ, je vagabonde, et
retourne fréquemment en ces lieux, retrouvé une personne bien
précise, et à cette fin, je bifurquais soudainement dans une rue
parallèle, me déplaçant avec aisance dans les ténèbres.
"Orwell
? Orwell ! C'est Kazuo ! Répond !"
J'étais
dans une ruelle sombre, derrière l'entrepôt désaffecté où mon
contact vivait. C'était un être nocturne, à l'allure reptilienne,
que l'on nommait Erasha Serpent ; leur sang était glacé, et peu
appréciait leur compagnie. Pourtant, Orwell avait un certain charme
animal, son visage serpentin recouvert d'écailles noirâtre comme le
reste de son corps, lui donnait une étrange beauté prédatrice,
tout comme sa voix râpeuse qui me faisait hérisser les poils de la
nuque, mais que je ne pouvais m'empêcher d'écouter.
"Tu
repars bien vite, Kazuo..."
Je
sursautais. Caché derrière une poubelle, l'on m'observait dans
l'ombre... Son petit plaisir, me surprendre malgré toute mes
précautions, et il était maître en matière de dissimulation, à
défaut d'être doué pour les travaux physiques, il faisait marcher
astucieusement son cerveau ; en témoigne le réseau d'informations
très influent qu'il avait su mettre sur pied, sans bouger de sa
cité. Et j'étais l'un de ses coursiers, le meilleur d'après ses
dires. Ce petit travail m'assurait de bons revenus, et l'occasion de
voyager avec un but, une destination, ainsi que des contacts un peu
partout.
Mais
pour l'heure, Orwell se dressait devant moi, emmitouflé qu'il était
dans une robe noire à capuche, ne pouvait dissimulé l'éclat
rougeoyant de ses iris, ni le sifflement de sa langue alors qu'il
humait l'air ambiant. Un léger silence s'installa, car il me mettait
toujours un peu mal à l'aise, avant que je ne me décrispe.
"Oui,
oncle Iky est pénible quand il s'y met, et je préfère largement
voir du pays. Où allez-vous m'emmener cette fois-ci ?"
"J'ai
un ami, dans le royaume de Carlsberg, qui attend quelques nouvelles
de ma part. Tu pars sans plus tarder."
"Et
où habite-t-il ?"
"Tu
le trouveras dans le bourg de Kronen, la capitale. Il te suffit de
suivre la route de l'est. Maintenant file mon ami !"
Je
ne me le fis pas dire deux fois. Il me tendit une lettre que je
fourrai dans mon sac, et m'en retournai chez mon oncle, prendre une
bonne nuit de sommeil avant de répondre à l'appel de la route.
~¤~
L'air
était lourd, saturé de poussière, et Jiorg avait une respiration
lente et difficile. Depuis combien de temps était-il enfermé ici,
dans cette geôle humide ? Il avait depuis longtemps perdu cette
notion, attaché au mur par une lourde chaîne. Avant il avait été
un jeune homme plein d'ambition, qui venait de s'établir comme
forgeron. Maintenant, il ne restait plus rien de lui, juste un corps
famélique et un esprit pourrissant dans l'obscurité. Jiorg luttait
pour garder ses souvenirs, et un peu espoir, mais ce n'était qu'une
mince lueur qui tremblotait dans l'obscurité. Il n'avait plus que
son nom, que le geôlier prononçait pour le réveiller et servir les
restes qui lui serviraient de repas.
Cependant...
quelque chose changea soudainement dans la lancinante monotonie
dévorante de ces lieux. Les torches du couloir n'éclairaient que
très peu et laissaient l'obscurité régner en maître, mais une
source de lumière bien plus forte vint chasser la noirceur, et il
put entendre les cris de ses semblables, dont les yeux étaient
blessés par l'éclat étranger. Lui-même fut aveuglé, et ne vit
pas le visage des hommes qui le libérèrent de ses fers, avant de le
soulever et le traîner hors de sa sordide cellule. Jiorg se laissa
faire, il n'avait pas la force de lutter. Ses tortionnaires
parlèrent, et eurent quelques rires, mais cela échappait à sa
compréhension. Plus aucune volonté ne l'animait, il n'était qu'une
coquille vide, une carcasse dépourvue de substance...
Rédigé par Maitre Renard
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire